4.01.2006

Nos électeurs #2 : notre voisin de table s'est abstenu

Restaurant fancy, arguilé, on discute entre voisins... Tout à fait dans l'ère du temps israélien, notre voisin de table n'a pas voté aux dernières élections, comme plus de 36% d'électeurs israéliens.
Il est palestinien citoyen d'Israël ("palestinien de 48") et votait jusqu'à présent pour Balad, le parti "arabe" (ici ils appellent les palestiniens "arabes", pas palestiniens).

  • Présentation de Balad par Israel Votes :

    National Democratic Alliance (Balad)

  • Israeli Arab party
  • Israel should be a democratic state of all its citizens
  • Supports right of return for Arab refugees from the 1948 war
  • Full Israeli withdrawal from West Bank, Gaza Strip and East Jerusalem
  • Supports creation of a Palestinian state.
  • Pour plus de détails:
    http://www.israelvotes.com/demo/platforms_ballad.html
  • Balad par lui-même :
    http://www.balad.org/ et en anglais : http://www.balad.org/index.php?id=138
C'est la première fois en 10 ans que notre voisin de table s'est abstenu.
Voilà ses arguments :
  • "Idéologiquement" : il boycotte le parlement israélien puisqu'il lui semble que contrairement à ses espoirs, pendant plusieurs années, de pouvoir faire passer par le parlement un combat pour la démocratie en Israël, "en réalité aucune des luttes des citoyens palestiniens n'a été menée avec succès via le parlement, mais par la force ou par la mobilisation sur le terrain".
    La question pour nous était de savoir s'il pense réaliser un objectif en s'abstenant, plus qu'en votant. Au jour d'aujoud'hui et à travers ce que l'on peut comprendre, l'abstention n'a pas fait question ici... Encore moins celle des "arabes".
  • "Stratégiquement" : "les palestiniens de 48 n'arrivent pas à s'unir pour combattre ensemble" et éventuellement saisir des opportunités au parlement. D'après lui, cela montre une "cassure dans le mouvement national" (palestinien de 48) alors qu'en 76, "les arabes d'Israël avaient réussi à forcer le parti communiste à se radicaliser et à se nationaliser", c'est-à-dire se positionner sur la question palestinienne (territoires occupés et palestiniens d'Israël).
  • Globalement, les partis arabes n'échappent pas à la "césure" qui coupe les partis de leurs bases, de la population, et qui rend évidente la dépolitisation de la société israélienne, palestiniens de 48 inclus.
    Pour lui, les seuls qui restent en lien avec la population sont les partis islamistes, qui développent un travail social ; ces partis, qui ont dans le Nord des postes à responsabilité locale, boycottent les élections nationales... et de toutes façons, il ne voterait pas pour un parti islamiste.
  • "How many people are still involved?" nous a-t-il répété si souvent? "Alors que les problèmes persistent, on n'a pas accès à la terre, qui est gérée par l'Agence juive, on peut être expropriés, on n'a pas les mêmes droits ni les mêmes protections que les juifs israéliens, et on doit se positionner sur la colonisation en Cisjordanie et la situation de Gaza!" En Israël comme dans les territoires, les palestiniens ont perdu l'espoir et la confiance. Ils ne voient pas d'issue donc ils se dépolitisent.

    A priori, il y aura une petite dizaine de députés "arabes" dans ce parlement. 1/5 des citoyens israéliens sont palestiniens.

Aucun commentaire: